Voici le E-shop de Jeannine Wahl.
Jeannine Wahl naît à Genève en 1930 dans une famille de papetiers qui lui transmet très tôt l’amour d’une texture « à toucher, à palper, à colorer, à découper, à mouiller… pour créer ». Cette découverte, en laquelle elle voit les prémices d’une vocation, la conduit à suivre les Arts-Déco où elle s’initie à l’architecture d’intérieur. Quelques incursions dans le domaine de la décoration (arrangements de vitrines, dessins de tissus à New York, mosaïques) et cette artiste complète renonce au violon, abandonne la peinture à l’huile et se tourne vers l’aquarelle, où elle dit avoir trouvé une véritable identité – une nouvelle raison d’exister et une nouvelle preuve d’existence. Elle aborde en autodidacte cet art difficile de l’instantané qui ne souffre aucune hésitation ni tolère aucune retouche; dans une solitude courageuse, dédaignant modes et coteries, avec la conscience de ne devoir chercher sa voie qu’en elle-même. « Formez-vous vous-même », conseille-t-elle à ceux qui lui demandent de leur enseigner sa « technique ».
De cette exigence sans concession naissent des paysages noyés d’une mystérieuse beauté où l’on reconnaît l’expression, parfois douloureuse, d’une sensibilité exaltée, à la fois passionnément attachée à la terre, à ses couleurs, à ses odeurs, et fascinée par l’immensité immatérielle du ciel, vaste fenêtre ouverte sur l’intimité du rêve. Aucune frivolité dans cet art délicat qui s’attache à capturer l’émotion, fugitive, de l’instant : de ciel en ciels, violents, tourmentés, orageux, puis soudain apaisés, Jeannine Wahl s’éloigne peu à peu du figuratif pour conquérir ce dépouillement extrême où plus rien ne subsiste que l’essentiel. Les formes se diluent, les contours s’estompent et, dans ses landes souvent désolées, la lumière compose sa musique sur une palette extrêmement riche aux couleurs du temps. Car ce dont nous parlent les retenues pudiques, les tensions maîtrisées et les fulgurantes explosions de cette peinture d’une grande intensité c’est, par-delà les nuances poétiques du temps qu’il fait, des rythmes contrastés du temps qui passe…